LAGHOUAT-HISTOIRE
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LES OREILLES D'ANE A L'OUVROIR DE LAGHOUAT, PAR CHETTIH Mohammed

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LES OREILLES D'ANE A L'OUVROIR DE LAGHOUAT, PAR CHETTIH Mohammed Empty LES OREILLES D'ANE A L'OUVROIR DE LAGHOUAT, PAR CHETTIH Mohammed

Message par Admin Dim 23 Fév - 20:12

Sœur Marie-Vincent, de la Congrégation de Notre-Dame d'Afrique, écrit de Laghouat à sa supérieure générale :
Vous aimez beaucoup nos enfants indigènes: je pense donc vous faire plaisir, en vous racontant un fait assez amusant, qui vient de se passer à notre ouvroir.
Une fois la saison d'hiver commencée, les enfants viennent nombreuses au tissage. En général, elles travaillent bien; cependant il y a toujours parmi elles quelques paresseuses.
J'encourageais souvent, je grondais parfois, mais sans succès. A bout de ressources, je leur dis un jour :
Mes enfants, puisque quelques-unes parmi vous ne « veulent pas se corriger, je leur mettrai des oreilles d'âne.
Vous savez toutes combien les ânes sont têtus, et refusent « quelquefois de travailler...
— Oh! Oui, dit l'une; le mien, que j'avais chargé de dattes, s'en est débarrassé en les jetant par terre.
— Le mien ne veut pas porter le bois, dit une autre.
Et chacune de médire de son baudet.
Je crus donc avoir bien trouvé ma punition, et je me mis immédiatement à confectionner, avec du papier, une paire de magnifiques oreilles d'âne, que je suspendis le lendemain matin au mur de l'ouvroir,
Pendant deux ou trois jours, ii n y eut point de paresseuses, les métiers marchaient en cadence, le travail avançait, les fameuses oreilles restaient suspendues à leur clou, « Mais la sagesse peut-elle être de longue durée, dans une nombreuse réunion de fillettes arabes ? Dame paresse fit de nouveau son apparition à l'ouvroir, et Naouïa dut, la première, essayer les oreilles de maître Aliboron.
Pendant la récréation qui, vers le milieu de la matinée, permet aux ouvrières une petite détente, chacune vint contempler la fillette en pénitence. J'entendis un murmure courir dans la salle, et déjà j'étais persuadée de mon succès.
Mais, ô désappointement ! Le nombre des paresseuses ne fit que s'accroître les jours suivants. Je demeurai fort perplexe, ne sachant par quel moyen je pourrais triompher d'une nonchalance dont je n'arrivais pas à comprendre la cause, le goût du tissage étant, en quelque sorte, inné chez la plupart des jeunes filles du pays.
A quelques jours de là, on vint m'annoncer pour le soir la visite du général Moinier.
Je réunis mes ouvrières :
Mes enfants, leur dis-je, avant de rentrer cet après-midi, vous vous laverez bien les pieds, les mains et la figure; puis, chacune revêtira sa gandoura d'uniforme, et commencera à travailler en silence, parce que nous aurons la visite d'un grand général.
Le soir, chacune, en arrivant, fit soigneusement sa toilette, comme il avait été prescrit, et s'en alla ensuite vers son métier, tandis que je commençais ma tournée d'inspection.
Arrivée à Reddija, je fus frappée de sa bonne tenue et je lui en fis compliment.
Enhardie par mes éloges, l'enfant me répondit :
—- je t'en supplie, ma Sœur, mets-moi les oreilles d'âne pour la visite du général. Nous sommes si jolies avec cela! L'autre jour, il semblait que Naouïa portait un diadème royal sur la tête.
Et là-dessus, toutes de s'écrier :
— Fais-en aussi pour nous, ma Sœur!
Vous devinez aisément si j'eus de la peine à tenir mon sérieux.
Mais, enfin, ce fut pour moi un trait de lumière.
— Mes enfants, dis-je, aucune de vous ne portera les oreilles d'âne en présence du général ; je craindrais de lui donner par-là trop mauvaise opinion de vous, car il vous croirait toutes paresseuses et entêtées. D'ailleurs, je vous préviens que, désormais, la pénitence sera changée :
Toutes celles qui ne travailleront pas, ou ne mettront pas de bonne volonté à apprendre les dessins, devront carder ou filer une poignée de laine pendant la récréation.
Et aussitôt je suspendis une paire de cardes et un fuseau à la place des oreilles d'âne. Cette fois, je fus mieux comprise... Les paresseuses se firent de plus en plus rares.

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